2011/12/20

prokudin gorsky







all pictures from 1900-1910

ancient desert plant


"Welwitschia mirabilis is known locally as kharos or khurub (Nama), tweeblaarkanniedood (Afrikaans), nyanka (Damara), or onyanga (Herero). The plant, which is considered a living fossil, is named after the Austrian botanist Friedrich Welwitsch who discovered it in 1859. The geographic distribution of Welwitschia mirabilis is limited to the Namib desert within Namibia and Angola and it lives 1000 years or more. Some individuals may be more than 2000 years old.
The plant absorbs water through structures on its leaves, harvesting moisture originating from Namib desert morning fogs that blow in during the night, comprising the main source of water for much of the desert life." (wiki)

2011/12/15

tarkovsky


"the artist exists because the world is ill-designed"
"cinema is an unhappy art as it depends on money"

the memory of the world

even statues die

2011/12/14

rear window 1

she's in her underwear
she's fixing the curtain
she just took a shower
she's vacuuming the house
she's talking on the phone
finally that stool is occupied
she smokes with her left hand
while doing the dishes with her right
she has a tattoo above the left cheek of her arse
she has blond hair
dresses well
has a bicycle
stays up late
 
by Steve Dalachinsky 

hype williams


2011/12/12

the ghost conference


the levitation séance




photos by Sven Turck, 1940

qui je suis

"Jamais l’Italie ne fut plus odieuse. Surtout avec la trahison des intellectuels, avec ce révisionnisme du parti communiste, loup qui, cette fois, est vraiment agneau -- le camarade Longo sur la couverture du Spiegel avait un visage obséquieux d’homme de lettres qui fait désespérément semblant d’être à la page, rejetant ainsi toute violence palingénésique du communisme : oui, le communiste aussi est un bourgeois. C’est désormais la forme raciale de l’humanité. Peut-être que s’engager contre tout ça ne veut pas dire écrire, en homme engagé, dirais-je, mais vivre.
Quant à mes oeuvres futures, tu verras un jeune homme arriver un jour dans une belle maison où un père, une mère, un fils et une fille, vivent richement, dans un état qui ne connaît pas la critique comme si c’était un tout, la vie pure et simple ; il y a aussi une bonne (originaire de villages sous-prolétaires) ; il vient, ce jeune homme, beau comme un Américain, et, tout de suite, la bonne, la première, tombe amoureuse de lui, et retrousse ses jupons. Il lui donne la douce, lourde colère de son membre. Puis le fils tombe amoureux de lui ; ils dorment tous les deux, dans la chambre du garçon, avec les restes de l’enfance ; et au fils aussi, il donne son membre de soie, plus adulte et puissant ; et le même don, condescendant et généreux -- parce qu’il est celui qui donne -- il fera à la mère, adoratrice de ses vêtements, pantalon, maillot de corps, slip laissés dans un bungalow par une chaude journée d’été, sur la mer tyrrhénienne ; et c’est le même don qu’il fera au père, devenant le père du père -- puisque celui-ci, avec une douceur maternelle, ambiguë, n’est père que de nom -- au père réveillé à l’aube par une douleur qui le plis en deux, au ventre, et qui découvre, en se levant pour aller aux toilettes la beauté muette du petit matin avec son soleil déjà fulgurant… et il découvrira son amour avec le même étonnement que celui qu’il eut en découvrant ce soleil : un amour pareil à celui d’Ivan Ilitch pour son  valet paysan et jeune homme ; mais conscient, et dramatique parce que lui, le vieil industriel avec le visage d’Orson Welles, est un petit-bourgeois, et qu’il dramatise tout. Le même don de son membre, durant les heures de la maladie de son père -- et avant de le faire au père -- il fera à la fille de quatorze ans, amoureuse de son père et qui le découvre, le jeune homme tout amour, à travers les yeux amoureux, justement, de son père. Puis le jeune homme s’en va : la route au fond de laquelle il disparaît reste déserte pour toujours. Et tout le monde, dans l’attente, dans le souvenir, comme apôtre d’un Christ non crucifié mais perdu, a son destin. C’est un théorème ; et chaque destin est un corollaire. Les destins sont ceux que tu connais, ceux de ce monde où toi, avec ton désagréable sourire anticommuniste, et moi, avec ma haine infantile antibourgeoise, sommes frères : nous le connaissons parfaitement ! Comment se forme une névrose d’angoisse et comment une petite victime féminine de quatorze ans finit dans le lit d’une clinique, les poings tellement serrés que pas même un scalpel ne pourrait les desserrer ; comment un garçon parle tout seul comme un fou peignant et inventant de nouvelles techniques, jusqu’à devenir un Giacometti, un Bacon, avec le spectacle de ses spectres figuratifs, symboliques de la tragédie du monde dans une ame malade, malodorante de la rancoeur mesquine du mal ; comment une femme d’age moyen, encore belle, et soignée, ne sait oublier le Christ de l’Eglise et en même temps, une fois perdue, ne sait pas résister au désir de se perdre encore, et ainsi vit entre des garçons faciles et des angoisses chrétiennes ; et comment, enfin, un père, qui vait confondu la vie avec la possession, une fois possédé, perd la vie, le jette : c’est-à-dire donne ce qu’il possède -- une usine dans la banlieue de la grande ville -- à ses ouvriers, pour se perdre dans le désert, comme les Hébreux. Ce sont tous des cas de conscience. Mais la bonne, au contraire, devient une sainte folle. Elle va dans la cour de sa vieille maison sous-prolétaire, se tait, prie et fait des miracles ; guérit des gens, ne mange que des orties, jusqu’à ce que ses cheveux en deviennent verts, et, enfin, pour mourir, se fait ensevelir, en pleurant, par une excavatrice, et ses larmes, jaillissant de la boue, deviennent une source miraculeuse. (…) Tu sais -- je te l’ai dit, vieil ami, père un peu intimidé par le fils, hôte allophone puissant aux humbles origines -- que rien ne vaut la vie. C’est pourquoi je ne voudrais que vivre, meme en étant poète, parce que la vie s’exprime aussi par elle-même. Je voudrais m’exprimer avec des exemples. Jeter mon corps dans la lutte. Mais si les actions de la vie sont expressives, l’expression, aussi, est action. Non pas cette expression de poète défaitiste, qui ne dit que des choses et utilise la langue comme toi, pauvre, direct instrument ; mais l’expression détachée des choses, les signes faits musiques, la poésie chantée et obscure, qui n’exprime rien sinon elle-même, selon l’idée barbare et exquise qu’elle est un son mystérieux dans les pauvres signes oraux d’une langue. Moi, j’ai abandonné à ceux de mon âge, et même aux plus jeunes, une telle illusion barbare et exquise : je te parle brutalement. et, puisque je ne peux revenir en arrière, et me prendre pour un garçon barbare qui croit que sa langue est la seule langue au monde, et perçoit dans ses syllabes des mystères de musique que seuls ses compatriotes, pareils à lui par caractère et folie littéraire, peuvent percevoir -- en tant que poète je serai poète de choses. Les actions de la vie ne seront que communiquées, et seront, elles, la poésie, puisque, je te le répète, il n’y a pas d’autre poésie que l’action réelle (tu trembles seulement quant tu la retrouves dans les vers ou dans les pages de prose, quand leur évocation est parfaite). Je ne ferai pas cela de bon coeur. J’aurai toujours le regret de cette autre poésie qui est action elle-même, dans son détachement des choses, dans sa musique qui n’exprime rien sinon son aride et sublime passion pour elle-même. Eh bien, je vais te confier, avant de te quitter, que je voudrais être compositeur de musique, vivre avec des instruments dans la tour de Viterbe que je n’arrive pas à acheter, dans le plus beau paysage du monde, où l’Arioste serait fou de joie de se voir recréé avec toute l’innocence des chênes, collines, eaux et ravins, et là, composer de la musique, la seule action expressive peut-être, haute, et indéfinissable comme les actions de la réalité."

Pier Paolo Pasolini Poeta delle ceneri / 1966/ Théorème / 1968

2011/12/08

物の哀れ

mono no aware. The feeling of things.
"We only get to know the heart of things through the feelings they arouse in us. This is what the Japanese aesthetical and literary principle mono no aware posits, defining the emotions which come into being in us when we are in contact with facts and things as the sole way of getting to know their substance and becoming aware of their impermanence.
The term was coined in the 18th century by the Edo period Japanese cultural scholar Motoori Norinaga, and was originally a concept used in his literary criticism of The Tale of Genji, and later applied to other seminal Japanese works including the Man'yōshū.
The word is derived from the Japanese word mono, which means "things", and aware, which was a Heian period expression of measured surprise (similar to "ah" or "oh"), translating roughly as "pathos", "poignancy", "deep feeling", or "sensitivity". Awareness of the transience of all things heightens appreciation of their beauty, and evokes a gentle sadness at their passing. In his criticism of The Tale of Genji Motoori noted that mono no aware is the crucial emotion that moves readers. Its scope was not limited to Japanese literature, and became associated with Japanese cultural tradition." (from wiki)

lenka clayton

 

art & culture from the middle east to click on

bidoun
bubuweb

2011/12/06

raoul vaneigem

"Just as we distinguish in private life between what a man thinks and says about himself and what he really is and does, everyone has learned to distinguish the rhetoric and the messianic pretensions of political parties from their organization and real interests: what they think they are, from what they are. A man's illusions about himself and others are not basically different from the illusions which groups, classes, and parties have about themselves. Indeed, they come from the same source: the dominant ideas, which are the ideas of the dominant class, even if they take an antagonistic form."
from: Impossible Participation or Power as the Sum of Constraints

"To the question posed by Cravan, Gide looked at his watch and replied, whatever the real time was, "It is five o'clock." We more often ignore the point at which living poetry disturbs the time ruled by making a living. I don't claim that all of my hours are spent free from work, but I try to break out of the channels of work and boredom, and I know that only the happiness of one and all can perfect my own happiness. I obstinately continue to privilege the time of pleasure, of love, of amenities, of creation, of beginnings [trans: commensalite]. I'm not putting forward, like some hedonist, a remedy to anguish. These moments, which I champion with scorn for received ideas -- they are never finished. They help me to live better, to better explore the labyrinth where one desire hides in another."
from: Refusals and Passions

2011/12/05

alÿs

"Samuel Beckett is the most obvious accomplice of Alÿs’s aesthetic sensibility, as the wall text at MoMA explains: “Ever tried. Ever failed. No matter. Try again. Fail again. Fail better.” A resident of Mexico City for the past 25 years, Alÿs has borne witness to the continual attempts (and, one might argue, successive failures) at modernization by the country’s government and its citizens, resulting in a tragic farce that, in the wake of ever-increasing violence and disorder, continues to play itself out on one of life’s largest stages. One observes this theme of repetitive failure in almost all of the artist’s work, but most apparently in his short films and performances, waged globally across international borders, labor classes, and art history.


A three-part video installation of When Faith Can Move Mountains (2002), commissioned for the second Lima Biennial and perhaps one of Alÿs’s most famous actions, is also featured, along with dozens of drawings, notes, clippings, and e-mail exchanges related to the monumental performance. For the project, 500 volunteers clad in white converged with shovels upon an enormous sand dune on the outskirts of Lima, Peru, and, over the course of an afternoon, enacted a visual demonstration of “faith vs. insanity.” Documentary evidence in the form of aerial photography, video, and personal testimony account for the exploit’s potency: Alÿs and the participants, moving the natural structure a mere few inches, had tapped into art’s revolutionary potential for change. In Kafka-esque fashion, historical determinacy was suddenly obliterated."  
from: A Story of Deception

to think

"The Utopian impulse in thinking is all the stronger, the less it objectifies itself as
Utopia—a further form of regression—whereby it sabotages its own realization.
Open thinking points beyond itself … Beyond all specialized and particular
content, thinking is actually and above all the force of resistance, alienated from
resistance only with great effort … The happiness visible to the eye of a thinker
is the happiness of mankind. The universal tendency toward suppression goes
against thought as such. Such thought is happiness, even where unhappiness
prevails; thought achieves happiness in the expression of unhappiness. Whoever
refuses to permit this thought to be taken from him has not resigned."

Theodor Adorno, “Resignation,” trans. Wes Blomster, in The Culture Industry:
Selected Essays on Mass Culture, ed. J. M. Bernstein (London: Routledge, 1991), 171.

2011/12/04

the uncanny

..."It was a moment of the uncanny which is the return of the
repressed, the return of that which is familiar but you have
forgotten and than it comes back to haunt you, like the
return of ghosts, the return of the dead. In the case of
9/11 people began to ask me: What happened here? What is
the explanation? Where did this come from? And of course,
in the minute it was attributed to a group called Al Qaida, an
Islamic terrorist group and highly fundamentalist, religious
fanatics, people began to ask: Where did they come from?
And the answer is: They were begotten by the US in
Afghanistan during the occupation of Afghanistan by the
Soviet Union. They were a relic of the so called Cold War.
So the appropriate and deepest literary framework for this is
the uncanny."
W.J.T. Mitchell